La discussion qui suit a eu lieu en même temps que la fabrication de ce numéro. Elle est aussi la matérialisation de discussions en cours depuis un certain temps. Plus d’une trentaine d’années séparent les deux interlocuteurs, ce qui pourrait expliquer, en grande partie, les sensibilités différentes. Pierre vient d’une époque où le progrès était une valeur importante si ce n’est fondamentale. Sa dimension technologique avait une dimension séduisante, qu’elle garde encore. Dans l’article plus haut, tout en critiquant les évolutions récentes, Pierre conserve quelques a priori positifs. Il est partagé entre la séduction technologique et la conscience de la totalitarisation de notre société par cette même technologie. Pablo, lui est un enfant de la mondialisation, par ses origines franco-colombiennes, et parce qu’il a grandi dans le monde de la consommation tous azimuts et de l’explosion numérique. Mais, parallèlement, c’est la gymnastique de pensée anarchiste qui lui a permis de s’en méfier. Il a toujours été conscient que sa génération n’allait pas vivre « mieux » que celle de Pierre. Dans l’article qui suit cette discussion, Pablo décrit comment son imaginaire a en plus récemment basculé vers un catastrophisme raisonné. La question qui émerge ici est celle de la validité des outils d’analyse du monde. Qu’apporte le concept de lutte des classes dans l’optique éco vs techno ? Les experts ont-ils perdu la tête lorsqu’ils annoncent des catastrophes ?
Lire la suite...