Dans son livre La Révolution par l’état, le dernier qu’il rédigea avant de se donner la mort en 1977, Louis Mercier Vega défend l’idée qu’une nouvelle classe de gérants est en train de s’installer durablement à la tête des États d’Amérique latine, distincte de l’oligarchie traditionnelle et de la bourgeoisie industrielle, commerçante ou financière : une techno-bureaucratie civile et militaire. Avant de la caractériser, Mercier s’intéresse aux moyens de sa prise du pouvoir et à plusieurs lieux clefs de son combat, ou plutôt aux instances qui lui fournissent ses leaders, ses intellectuels, ses cadres et son discours, l’université et l’Église, principalement, tout en marquant, dans un chapitre au titre éloquent, « Les bases muettes », que les ouvriers et les paysans servent de masse de manœuvre pour cette opération et sont relégués au rôle de figurants dès lors que les nouveaux maîtres ont réussi leur hold-up.
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