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Regards sur le mouvement social « marseillais »
Article mis en ligne le 22 avril 2011
dernière modification le 22 avril 2013

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Thierry Bertrand est enseignant en collège dans les quartiers nord de Marseille.
Il milite au groupe Germinal de la Fédér
ation Anar
chiste et est syndiqué à la
CNT

Réfractions
 :
Tu es un acteur du mouvement social
 :
quelle signification
cela a-t-il pour toi ?

Thierry
 :
Par « 
acteur
 »
j’entends une personne qui agit sur son quotidien
et qui refuse la résignation. Dans mon travail je n’attends pas que mon
syndicat me dise ce qu’il faut afficher sur le panneau syndical ou ce qu’il
faut dir
e
aux collègues.

J
e
n’ai pas envie non plus de faire la grève parce
qu’un syndicat « majoritaire » a décidé de faire une journée de grève par
mois.

J
e
veux pouvoir r
efuser de partir en grève quand je considère que ces
journées sont une arme de démobilisation. De plus, être acteur ça veut
également dir
e
pour moi que,
suite à une manifestation lors d’une
journée de grève,
une Assemblée Générale soit organisée afin que je
puisse participer à l’organisation de la suite de la mobilisation.

En ce qui concerne le « 
mouvement social », je le vois comme le
moment où des personnes s’organisent pour faire entendre leur
désaccord avec ceux qui ont le pouvoir de décider sur nos vies. Et donc
je le vois comme un moment,
même br
ef, de libération de l’aliénation
quotidienne. Mais bon... je suis aussi conscient que ces personnes
peuvent tomber à ce moment-là dans l’aliénation de leur bureaucratie
syndicale.

Réfractions :
Le mouvement social de protestation contre le projet de
réforme des retraites a été d’une ampleur inégalée, au regard des
mouvements sociaux précédents
 :
as-tu pu vérifier cela dans les Bouches-du-
Rhône en général et à Marseille plus précisément, une place habituellement
forte de la contestation ?

Thierry :
Le mouvement a été assez
bizarre. J’ai pu constater, en premier lieu,
que les manifestations étaient fortement
suivies et que, quand le nombre de
manifestants diminuait dans l’hexagone,
il se renforçait à Marseille. Les personnes
pensaient gagner sur les revendications.

Et plus on était nombreux en manifes-
tation, plus on était confiant quant à
l’issue de ce mouvement.

Un
signe quant au désir d’en découdre
c’est que les manifestants reprenaient
facilement les slogans émanant du cortège
de la CNT.

Enfin, sur la fin du mouvement, les
manifestants étaient moins nombreux
mais pas moins déterminés.

Réfractions :
P
orté par une base
n’hésitant pas à déborder la hiérarchie
syndicale,
le mouvement social
« marseillais » a-t-il été marqué par
l’apparition de formes de lutte originales ?

Thierry :
Blocages économiques, actions
directes interprofessionnelles, ag
souver
aines,
forte présence de non
syndiqués... voilà ce qui peut paraître
nouveau sur Marseille. Je ne dirais pas
« 
luttes originales
 »
car ces formes de lutte
sont vieilles comme le mouvement
ouvrier
,
mais sur Marseille ce n’est pas
cour
ant. Ici nous avons une CGT et une
CGT-FO sur-puissantes. Elles font la pluie
et le beau temps là où elles sont présentes.

Ce n’est pas ce que j’appelle des
confédérations, je préfère parler
d’or
ganisations jacobines autoritair
es et
politiciennes. Les syndicats à la base ont
leur liberté d’action mais jusqu’à un
certain point. Et puis, je ne suis pas sûr
que leur définition de liberté d’action soit
la même que la mienne...

Cette CGT et cette CGT-FO, dans ce
mouvement,
et malgré leur sur-puissance
donc, ont été vraiment débordées. Lire la suite




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