Réfractions, recherches et expressions anarchistes
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N°8 Présentation
Article mis en ligne le 29 septembre 2005
dernière modification le 5 décembre 2005

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Que sommes-nous en mesure de proposer, face au nouvel ordre mondial mis en place par les États-Unis d’Amérique, hérauts d’un capitalisme triomphant qui sous-tend une mono-culture fondée sur l’Avoir et manifeste un mépris total envers l’Autre ?

Que sommes-nous en mesure de proposer, face au nouvel ordre mondial mis en place par les États-Unis d’Amérique, hérauts d’un capitalisme triomphant qui sous-tend une mono-culture fondée sur l’Avoir et manifeste un mépris total envers l’Autre ?

Compte tenu de tous les mouvements de résistance soulevant l’opinion publique mondiale qui se sont faits jour de Seattle à Barcelone, en passant par Nice, Gênes et Porto Alegre, un fédéralisme de type anarchiste apparaît comme une des alternatives possibles.

Il s’agit en l’occurrence d’une forme d’organisation et d’émancipation sociale basée sur la solidarité et l’entraide d’individus autonomes qui, fonctionnant par affinités, s’associent volontairement en groupes de plus en plus importants jusqu’à l’échelon universel, mettant en place à chaque niveau les structures sociales jugées les plus pertinentes en vue de la satisfaction de tous, par des échanges permanents.

Mais ce fédéralisme est pluriel dans son approche, et pour en traiter nous alternons des réflexions d’ordre général et des études de cas.

En ouverture, Ronald Creagh revient sur les événements suivant le 11 septembre 2001, dont il livre une analyse qui tranche sur le discours dominant. L’emprise des transnationales, et surtout du capitalisme financier, constitue un nouvel empire dont les États-Unis ne sont que le fer de lance, basé sur le concept de guerre permanente. Dans cette perspective, loin de disparaître, les États accentuent leur fonction essentielle : définir le bien et le mal.

Marianne Enckell nous invite, après un rappel historique, à fédérer nos énergies, estimant selon la formule de Claude Parisse que l’unité à laquelle tendent un certain nombre d’anarchistes consiste « à reconnaître et à faire vivre la diversité et l’autonomie des formes de lutte, des regroupements ou des actions individuelles, bref la diversité de la vie réelle opposée à l’unification factice des partis, des États, des Églises, des sectes ou du spectacle mis en scène par les mass media ».

Lucien Van der Walt, qui vit et travaille en Afrique du Sud, passe en revue plusieurs pays et affirme la solidarité des anarchistes avec les mouvements anti-impérialistes et leur « participation active aux luttes de libération nationale tout en assurant [leur] indépendance vis-à-vis des nationalistes ».

Réflexion poursuivie sous un autre angle par Roland Breton, qui estime que la prise en considération, par dessus les formations sociales (classes), des formations sociétales (peuples, nations, ethnies) et des systèmes d’aliénation culturelle et
de domination politique mène à distinguer les luttes de libération nationale du nationalisme. Pour lui, le fédéralisme permet de reconnaître chaque peuple, son autonomie et sa place dans des structures superposées aux différents niveaux, communautaire, régional, national, continental et mondial. Il livre également un commentaire critique et constructif de l’ouvrage fondamental, mais toujours inédit en français, de Rudolf Rocker, Nationalisme et Culture.

Les cas particuliers abordés ont d’abord trait à la France.

Alain Thévenet s’interroge, à partir d’expériences personnelles, sur l’échec de la République, l’égalité et les « sans-part », la citoyenneté et la communauté, pour en déduire que « quelles que soient nos différences, ce qui nous rapproche est bien plus fondamental que ce qui nous sépare » et constitue le noyau de notre humanité.

Pour sa part, René Fugler pointe « la difficile reconnaissance des ethnies françaises » en vue d’un ensemble équilibré, vivant, où la circulation des connaissances, des idées, des œuvres... et des personnes se fasse librement selon leur nature et leur plaisir. Une société fédéraliste doit être aussi une fédération des groupements humains qui la composent, admis et reconnus dans la différence que leur a imprimée une histoire - donc aussi un ou des territoires, une culture, une langue.

Georges Rivière, lui, nous fait un peu rêver : le mouvement insurrectionnel qui perdure en Kabylie s’est donné des formes organisationnelles libertaires en subvertissant radicalement les anciens modes de représentation tribaux et villageois. Ignoré par les médias - par peur de la contagion ? - ce mouvement des assemblées se présente d’ores et déjà comme un possible facteur de transformation sociale en Algérie.

Marchant sur les traces de Claire Auzias, loin des clichés éculés, Xavier Rothéa étudie le peuple des Roms, doté d’une conscience collective et d’une culture propre, qui n’a jamais cherché à se doter d’un État, son territoire n’étant pas un espace géographique mais « un espace vécu » de relations familiales, professionnelles et commerciales.

Quant à David Kavanaght, il livre un témoignage sur la mosaïque militante québécoise. Mettant en perspective le double Sommet des Amériques et des Peuples d’avril 2001 par rapport à la crise provoquée en octobre 1970 par le Front de Libération du Québec, il tente d’expliquer le rôle joué par le sentiment nationaliste au sein de la « gauche » québécoise.

Charles Jacquier, enfin, nous permet de donner un coup de chapeau à Interrogations, revue internationale de recherche anarchiste qui, en dix-sept numéros parus entre 1974 et 1979, a marqué une rupture par rapport à l’anarchisme traditionnel et constitue l’un des points de repères du collectif de Réfractions.

La rubrique Transversales est consacrée au roboratif et stimulant lexique philosophique de l’anarchisme de Daniel Colson qui fait l’objet de deux analyses critiques, assorties d’un commentaire en retour de l’auteur.

Au final, nous n’avons pas cherché à formuler ici des propositions apodictiques mais à ouvrir un espace de discussion afin de donner aux lecteurs et lectrices des outils pour mieux comprendre et œuvrer à transformer le monde qui nous entoure, sachant également qu’au-delà des divergences d’approche des différentes contributions à ce numéro, elles font le pari que d’autres mondes sont possibles.

La commission


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