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Gildas
Je vous écris d’ailleurs
Réflexions éparses sur le mouvement de l’automne
Article mis en ligne le 21 avril 2011
dernière modification le 21 avril 2013

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L’
amertume d’un mouvement éclair qui a échoué – une fois de
plus – est encore là, d’une lutte intense mais courte. On a vite
oublié que tout à commencer en mars, puis juin pour repartir très
doucement en septembre. Personne n’y croyait. Personne ne pensait
qu’on serait en mesure de créer un quelconque mouvement.Les manifs
plan-plan nous tuaient le moral. On allait se balader – et se faire balader
– de rendez-vous en rendez-vous.

Grandeur et décadence

Lorsqu’en juillet, je faisais l’achat d’un billet d’avion pour partir en
octobre vers ailleurs, comme vous, je n’imaginais pas un autre scénario.
Hasard ou pas, je suis parti juste avant les premiers gros blocages
d’entreprises et revenu le lendemain des premiers déblocages. Autant
dire que j’ai tout loupé. Je suis passé à côté d’un rare moment où notre
engagement prend du sens. Le militantisme offre souvent un sentiment
d’impuissance.

Parti en exil donc, de mon ailleurs, je n’avais pas imaginé tout ça…
Lorsque fin octobre j’ai vu les raffineries rouvrir une à une, j’ai pensé
qu’il s’agissait de l’une des pires défaites qu’ait connues le mouvement
ouvrier. J’imaginais un désespoir immense. Si l’échec du mouvement
amenait beaucoup d’amertume, à ma grande surprise, l’abattement total
n’était pas de mise.En prenant contact avec des grévistes – pas forcément
des militants –, j’ai senti qu’il s’était passé quelque chose… Certains
disent avoir retrouvé leur fierté. (Quand on a perdu que faire de cette
fierté, mourir la tête haute n’a que peu d’intérêt…). Mais dans ces
témoignages de salariés, finalement c’est le retour d’une conscience de
classe qu’on retrouve.

S’informer

De mon ailleurs, il était bien difficile de se
faire une idée de la situation derrière un
ordinateur, quelques e-mails militants et
la lecture de journaux bourgeois. Et pas
seulement en raison de la désinformation
des médias, en de telles situations,
l’information militante n’est pas destinée
à l’extérieur. La presse engagée existe
pour imposer un rapport de force. Que
penser d’un texte où des grévistes
clament : « on ne lâchera rien » ? Il s’agit
plus de montrer sa détermination au
patron, au gouvernement que d’informer.

Il y a même toutes les chances qu’il lâche
un jour. Reste à savoir quand ? Dans un
mouvement, les médias militants
s’adressent aux militants, aux personnes
entre deux eaux, qui hésitent entre aller
au travail et se mettre en grève…

De mon ailleurs, comment comprendre
que la sauce prenait sur les grèves, entre
annonce pessimiste du gouvernement et
effet d’annonces des militants ? On s’en
rend compte plus par des détails en
périphérie : un e-mail de la famille qui dit
avoir du mal à trouver de l’essence a plus
de sens qu’un e-mail de copain qui
appelle à bloquer un dépôt. Quand les
non-militants commencent à être touchés
par la grève, elle commence à avoir du
poids. Je me souviens, en 2006, lors du
CPE, avoir été surpris de lire que dans
mon « bled », les lycéens avaient commencé à se mettre en grève, à bloquer la
rocade. L’épidémie de révolte contaminait
au-delà des centres universitaires
classiques, le mouvement prenait une
autre tournure.

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