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Francesco Codello
La démocratie directe à l’école
Francesco Codello
Article mis en ligne le 24 juin 2008
dernière modification le 15 juin 2016

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« Nous croyons que, dans n’importe quel contexte éducatif, les jeunes ont le droit de décider individuellement ce qu’ils veulent apprendre et comment, quand, où et avec qui ils veulent le faire. Nous croyons en outre qu’ils ont le droit de participer de manière paritaire aux décisions déterminant le fonctionnement des organisations dont ils font partie – et en particulier celui de leurs écoles – et les règles et les sanctions qui peuvent – éventuellement – s’avérer nécessaires. »

Cette résolution, tout à fait fondamentale et d’une grande clarté, a été adoptée au terme des rencontres, des discussions et des débats qui, au début août 2005, ont rassemblé à Berlin de jeunes écoliers et des adultes d’un certain âge. J’ai eu la chance de participer à cette semaine de débats ignorés par le grand cirque des médias, mais très riche et merveilleusement humaine.

Ces rencontres ont eu lieu dans le cadre de la treizième réunion annuelle de l’IDEC (International Democratic Education Conference – Conférence internationale de l’éducation démocratique), qui avait lieu cette année dans la capitale allemande et était organisée par deux associations berlinoises (la K.R.Ä.T.Z.Ä. et la Schule für Erwachsenenbildung) luttant pour les droits des enfants et pour l’éducation et l’instruction des jeunes et des adultes exclus du système scolaire allemand (les victimes de la fameuse « mortalité scolaire ») [1].

Nous arrivions de vingt-neuf pays différents : d’Asie (Inde, Népal, Japon, Corée du Sud, Thaïlande), d’Océanie (Nouvelle-Zélande, Australie), du continent américain (USA, Brésil, Canada), du Moyen- Orient (Israël), d’Afrique (Lesotho), d’Europe (Espagne, France, Italie, Suisse, Autriche, Serbie, Ukraine, Hongrie, Pologne, Russie, Pays-Bas, Belgique, Danemark, Allemagne, Finlande, Norvège, Angleterre). On avait là tout un échantillonnage de situations et de contextes remarquablement diversifiés et influencés par nombre de cultures et de philosophies, mais les principes forts, clairs et fondamentaux énoncés dans la résolution finale constituaient une solide base d’entente pour les personnes issues de ces différents contextes.

La première réunion de l’IDEC, qui a eu lieu en 1993 à Hadera, en Israël, n’avait réuni que des représentants d’écoles d’Angleterre, des États-Unis, d’Autriche et d’Israël, mais c’est en Inde, à Bhubaneshwar, qu’a été organisée l’avant-dernière réunion, en 2004, et les écoles et les personnes qui participent à ces expériences et suivent ces principes sont aujourd’hui très nombreuses et implantées dans beaucoup de pays. On peut résumer comme suit les caractéristiques communes des différentes expériences qui forment cette véritable constellation scolaire :

• On y trouve une démocratie directe réelle et égalitaire : les enfants et les adultes prennent ensemble, dans des réunions ad hoc, toutes les décisions concernant la vie commune. Dans ces réunions, c’est tantôt la règle de la majorité simple qui prévaut, tantôt celle de l’unanimité, tantôt celle de la majorité qualifiée.

• La présence aux leçons n’est pas obligatoire ; parfois il y a aussi des leçons où la présence est obligatoire et d’autres où elle est complètement libre.

• On ne permet pas aux adultes de se mêler des questions relevant spécifiquement des enfants, à moins que ceux-ci ne le demandent expressément.

• Les éventuelles sanctions ou punitions, pour autant qu’on en prévoie au sein de l’école – ce qui n’est pas toujours compatible avec les principes éducatifs retenus – sont décidées par l’assemblée générale et appliquées par des comités ad hoc élus et soumis au principe de la rotation des tâches.

• Les enseignants ne sont pas choisis selon les procédures bureaucratiques traditionnelles : il y a une période probatoire, au terme de laquelle les élèves participent, de manière plus ou moins complète, à la décision de nommer ou non l’enseignant.

• L’activité pédagogique ne se limite pas aux salles de classes, mais elle touche également tous les lieux, tous les espaces où se déroule la vie réelle des élèves. Dans le cadre fixé par ces principes communs, on rencontre une multitude de nuances, de différences, de conceptions culturelles, philosophiques, politiques ou religieuses ; chacune de ces expériences a ainsi bien des points communs avec les autres, mais lorsqu’on l’observe en profondeur, on constate qu’elle est en même temps tout à fait différente, remarquablement originale. Comment pourrait-il en être autrement, si les valeurs communes auxquelles se réfèrent tous ceux qui marchent sur cette voie sont la liberté et l’autonomie ?

[1] Voir www.idec2005.org ou www.educationrevolution.org (avec une version
française). KRÄTZÄ : KinderRÄchTsZÄnker, association de défenseurs des droits de
l’enfant. Voir www.kraetzae.de (avec une version française). Schule für
Erwachsenenbildung : Centre d’enseignement pour adultes, qui prépare à l’examen
final des études secondaires.Voir www.home.snafu.de/sfe (NDLR)

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