Le Révolté, n° 16, du 28 septembre au 11 octobre 1884
Jean Grave
Une des variétés du patriotisme – brigandage et vol à main armée, à l’usage des dirigeants – est la colonisation. Un particulier pénètre chez son voisin ; il brise tout ce qui lui tombe sous la main, fait main basse sur ce qu’il trouve à sa convenance, c’est un criminel ; la « société » le condamnera. Mais qu’un gouvernement quelconque se trouve dans une situation intérieure où un dérivatif extérieur est devenu nécessaire, qu’il soit encombré chez lui de bras inoccupés, dont il ne sait comment se débarrasser, de produits qu’il ne sait comment écouler, que ce gouvernement aille porter la guerre chez des populations lointaines, qu’il sait trop faibles pour pouvoir lui résister, il s’empare de leur pays, les soumet à tout un système d’exploitation, leur impose ses produits, les massacre si elles tentent de se soustraire à l’exploitation qu’il fait peser sur elles, oh ! alors, ceci est moral ! Du moment que l’on opère en grand, cela mérite l’approbation des honnêtes gens, cela ne s’appelle plus vol ni assassinat ; il y a un mot honnête pour couvrir les malhonnêtes choses que la société commet, on appelle cela « civiliser » les populations arriérées !
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