Par les temps malsains qui courent, il est essentiel d’y voir clair. en matière d’extrémisme de droite plus encore : comprendre de quoi est faite cette galaxie, cette nébuleuse plus exactement, de quelles valeurs se veut-elle porteuse et surtout tenter de décrypter un discours qui sous couvert de séduction poursuit son œuvre de confusion idéologique et partant de destruction des référents politiques habituels. car, au delà des définitions et des mots, c’est la nature même du combat antifasciste qui est remise en cause, comme en témoignent les légitimes interrogations portées par les acteurs mêmes de ce combat. le degré de perversion des consciences auquel est parvenue une extrême droite sûre d’elle-même et jouant sur une attractivité renouvelée atteint aujourd’hui un niveau dangereux. pour tenter de mettre un frein à la progression de la « lepénisation » des esprits, nous devons, nous libertaires, revenir à nos fondamentaux, réaffirmer notre grille de lecture et nos analyses − notre spécificité − tout en prenant en compte la profonde modification du « politique ». en l’espèce, redonner du sens aux mots qui sont les nôtres : immense mais difficile chantier − dont le côté idéologique n’échappera à personne – auquel il ne faut pas renoncer.
Extrême droite, populisme, fascisme... de quoi parle-t-on ? le terme « extrême droite » est employé – en tout premier lieu – pour classer des mouvements, des organisations et des partis historiquement situés à l’extrême droite des hémicycles parlementaires. une définition qui renvoie donc à la notion de démocratie représentative, mais qui devient carrément obsolète pour qualifier des mouvements, organisations et partis qui sont loin – même si beaucoup d’entre eux en rêvent – de se rattacher à cette référence parlementaire. pour contourner cette difficulté, les anglo-saxons, toujours soucieux de précision, préfèrent le terme de droite radicale, signifiant par là qu’elle se situe à la limite de la droite démocratique, libérale ou conservatrice. la classification politique de beaucoup de formations qualifiées d’« extrême droite » demeure cependant difficile car elles-mêmes récusent l’emploi de ce terme, dont on peut penser qu’il les « gêne » dans leur entreprise de séduction : en ce sens des appellations du type « droite nationale », « mouvement national », « droite populaire » ou tout simplement « droite » sont certainement plus adéquates quand bien même elles s’avèrent au final tout aussi trompeuses. on pourrait dès lors qualifier « d’extrême droite traditionnelle » certains mouvements ou groupuscules dont le cordon ombilical avec le fascisme et le nazisme n’a jamais été vraiment coupé, mais on parlera davantage de « nouvelle droite national-populiste » pour des partis constitués plus récemment autour de problématiques liées à la crise : chômage, immigration, identité nationale, etc. et dont certains d’entre eux inscrivent leurs actions dans une stratégie de prise de pouvoir électorale. à l’évidence, c’est bien la xénophobie qui structure le paysage idéologique de l’extrême droite, qu’elle soit ancienne ou contemporaine.