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Ce que le désir fait à la politique
Discussion libre avec des membres de la mouvance queer montréalaise
Article mis en ligne le 3 mai 2013
dernière modification le 13 mai 2014

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LA DISCUSSION QUE NOUS VOUS PRÉSENTONS ici a eu lieu le 14 août dernier. À ce moment là à Montréal, les manifestations spontanées initiées par le mouvement étudiant contre la hausse des frais scolaires se poursuivent, elles continuent même de rencontrer un soutien populaire important,malgré la menace de retour à la normale induite par la tenue des élections provinciales au début du mois de septembre. Aller à la rencontre de membres de différents collectifs appartenant à la mouvance queer montréalaise, cela signifiait pour nous parier sur l’intelligence élaborée collectivement sur ces questions de sexualités et de politique, dans cette temporalité particulière. Les questions que nous leur avons adressées portaient donc sur les circulations, les inventions, les formes spécifiques d’expressions des sexualités et des désirs qui les animaient eux et elles, mais aussi celles qui débordaient les seuls collectifs queer pour se manifester ailleurs, dans les facs ou les Cégeps (lycées), dans la rue au son des casseroles, dans les assemblées, de rejoindre davantage les quartier ensuite. La discussion qui suit essaie ainsi de tracer des lignes d’alliances autant que de partage et ce faisant d’esquisser un possible commun à partir des désirs les plus hétérogènes.

P !NK BLOC

Bruno  : Avant le P !nk Bloc de cette grève-ci, on pourrait remonter plus loin en arrière, notamment à l’époque des Panthères Roses,mais là je pense au contre-sommet qu’il y a eu à Toronto il y a deux ans, auquel on a participé avec PolitiQ en faisant un « pink bloc anti-capitaliste ». C’est suite à ces souvenirs-là, à comment cela c’était bien passé qu’on a pensé faire aussi un P !nk Bloc pendant la grève, pour qu’il y ait une visibilité queer dans les manifs. On a commencé un peu à s’organiser
avant que la grève commence, à s’auto-former sur la situation économique en faisant venir des gens pour nous en parler, on faisait aussi déjà des capes et des pompons, dans une vision inclusive, afin d’avoir du matériel pour se visibiliser et d’en distribuer
pendant les manifs aux personnes qui voudraient nous rejoindre.
L’idée c’était aussi depuis le début de se dire queer ET féministe, en ne prenant pas pour acquis que le queer intégrait le féminisme. Ce qui a amené d’ailleurs à des prises de position pendant la grève notamment sur les slogans homophobes et pro-viol,
et qui a amené à faire des événements tel qu’un kiss-in sur la question du consentement et la manif « Genre de grève », qui est une manif en drag’ qui a eu lieu mi-juin.

Marie-Élaine : Au delà de ça, le P !nk Bloc, dans son orientation actuelle, c’est plus qu’une tactique. Ce que je veux dire c’est qu’il y a bien un rapport avec le Black Bloc, en ce que n’importe qui peut rejoindre notre contingent en s’habillant en rose. Mais c’est aussi, se créer un espace sécuritaire dans une manif. On est entre nous, ça
nous donne la force de crier des slogans plus « in your face » ! Mais en dehors des manifs, on est un collectif mouvant, un collectif qui ne fait pas seulement qu’intervenir là : on organise nos propres évènements ou on a des réunions plus sporadiques où on discute de malaises, des questions qu’on veut soulever, des prises de position qu’on veut sortir, des autres groupes avec qui on veut réseauter... Ce sont aussi des questions que l’on s’est posées, rejoindre davantage les personnes racisées, les personnes trans, s’assurer que notre discours soit le plus inclusif possible.

Julie :Moi je voudrais bien que tu nous dises le pourquoi du P !nk Bloc, je veux dire, qu’est-ce qui fait que c’est important pour toi ?

Marie-Élaine : La raison pour laquelle je suis dans le P !nk Bloc, c’est déjà que c’est plus fun que d’être dans une manif straight, c’est plus agréable, on est en gang, on est en couleur, on se fait voir ! Il y a une chose qu’on s’est souvent dit, c’est qu’on ne ferait jamais ça tout seul, crier des trucs aussi... C’est la force du nombre qui fait
qu’on est capable de le faire.

Bruno  : Je pense en effet que ce côté entraînant nous fait réfléchir aux possibilités du P !nk Bloc dans une manifestation, par exemple, quand on pitche des glitters (lancer des paillettes) ou quand certaines personnes se sont fouettées sur un char de police sans risquer que les membres du P !nk Bloc se fassent arrêter. Après c’est vrai que c’est pas toujours tentant d’aller dans les manifs, parce que la pression est super forte, ça permettait de retrouver de l’engouement, de détendre aussi l’atmosphère et de donner quelque chose à faire pour faire passer la colère... Donc c’est ça que le P !nk Bloc veut ramener, par une atmosphère festive, par les costumes, par
les tactiques utilisées.

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