"On peut se demander pourquoi Prudhommeaux, l’un des auteurs anarchistes les plus pénétrants de son siècle, suscita si peu d’échos dans le milieu libertaire. C’est sûrement que son complexe parcours de militant et d’intellectuel rendait, par avance, difficile tout réductionnisme interprétatif.Car Prudhommeaux fut - successivement et toujours singulièrement - à la confluence de diverses traditions libertaires jugées antagoniques : l’anarcho-conseillisme, l’anarchisme de lutte de classe, le communisme libertaire, l’anarchisme anti-organisationnel, l’individualisme révolutionnaire et, pour finir, l’anarchisme pacifique et libéral ("dans le meilleur sens du terme") des derniers temps. Passant de l’une à l’autre sans forcément rompre avec la précédente, il en explora, chaque fois et l’esprit toujours en éveil, les ouvertures, les recoins et les impasses."
A contretemps - n° 42, février 2012
Le bulletin de critique bibliographique A Contretemps a publié ce mois-ci un numéro exceptionnel (68 pages) consacré à
André Prudhommeaux (1902-1968), "un anarchiste hors les murs".
Le dossier s’ouvre sur des "éléments de biographie intellectuelle et politique" (Freddy Gomez) suivis d’un "autoportrait" de Prudhommeaux, dont on trouvera plus loin toute une série d’autres textes de périodes différentes (il lui arrivait aussi de signer Prunier). En particulier l’article "du marxisme à l’anarchisme" qui complète cet autoportrait.
Parmi les commentaires et notices historiques qui accompagnent ses écrits, une place importante est faite à sa défense contre vents et marées, et contre les positions de certains secteurs anarchistes, de Marinus Van der Lubbe, l’incendiaire en février 1933 du Reichstag, que les staliniens faisaient passer, et cette version fut longtemps acceptée, comme un agent provocateur des nazis. En se fiant au témoignage de conseillistes hollandais qu’il connaissait, Prudhommeaux se porta garant de la sincérité et du parcours militant de Van der Lubbe et organisa sa défense (Vitor Keiner, "Pour l’honneur de Marinus").
Sur les rapports de Prudhommeaux avec le communisme des conseils, (et ses recherches sur le mouvement spartakiste), on peut lire aussi dans ce numéro l’article de Gaël Cheptou sur "l’énigme de la révolution allemande" et celui d’Alice Faro sur la publication de "Correspondance internationale ouvrière".
Autre chapitre intéressant du parcours de Prudhommeaux, ses relations avec la revue Témoins et son animateur Jean-Paul Samson (1894 - 1964) . A ce propos, Charles Jacquier fait retour sur l’évolution intellectuelle et politique de Prudhommeaux et sur ses rapports avec le mouvement anarchiste français ("De l’anarchiste comme chercheur hérétique").
La revue Témoins est accessible sur
http://www.la-presse-anarchiste.net/spip.php?rubrique46
C’est Freddy Gomez qui conclut cet ensemble en faisant sa place aussi au Prudhommeaux traducteur, poète et critique littéraire ("Le doute méthodique et l’art d’écrire").
A contretemps : Fernand Gomez, 55 rue des Prairies, 75020 Paris
« Pas de prix, juste des frais ... Qu’on se le dise à toutes fins utiles ! ». Il semble que la publication et l’envoi de cette riche livraison ont mis la caisse à rude épreuve, et que nos amis s’interrogent sur l’avenir ...
Les numéros de la revue sont disponibles sur
Rappel
Nous sommes heureux d’annoncer la sortie, aux Éditions libertaires, du deuxième volume de la collection « À contretemps » :
L’écriture et la vie.
Trois écrivains de l’éveil libertaire : Stig Dagerman, Georges Navel, Armand Robin.
http://refractions.plusloin.org/spip.php?article547
Au format 15 x 21, 336 p., 15 euros.