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Plaidoyer pour une humanité non dichotomique...
à propos de l’écriture inclusive

Cet article fait suite à "Du sexisme inclusif".
" Les quelques réactions de désaccord que j’ai rencontrées me poussent à reprendre les arguments d’une manière qui réponde à ces objections."

Article mis en ligne le 18 mars 2019

par Refractions
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Plaidoyer pour une humanité non dichotomique

par Annick Stevens

Article paru dans Le Monde libertaire de mars 2019.

La controverse sur l’écriture inclusive peut paraître anecdotique comparée au problème des rapports entre les sexes et des luttes contre toutes les dominations. Cependant, il est indéniable que la manière dont on s’exprime révèle une certaine conception de ce dont on parle et entraîne des effets sur les personnes auxquelles on s’adresse. Un désaccord sur la conception entraînera une aversion pour la forme qui l’exprime et une difficulté à lire ou écouter les textes qui l’utilisent. Il ne sert à rien de se dire : « faisons abstraction de la manière, l’important est ailleurs », car c’est précisément quelque chose d’important qui commande la manière.

L’écriture dite « inclusive » comprend plusieurs procédés, dont la féminisation des noms de métiers et fonctions, l’accord de l’adjectif avec le nom le plus proche quand il en détermine plusieurs de genres différents, et le pluriel dichotomique c’est-à-dire mentionnant à la fois le féminin et le masculin. Ces procédés n’ont pas, loin s’en faut, les mêmes justifications ni les mêmes effets. Puisque l’objectif est d’éviter toute discrimination négative envers l’un des sexes, le premier est tout à fait évident : si une femme exerce une certaine fonction, celle-ci doit être exprimée au féminin — et de même, un homme doit pouvoir être dit « puériculteur » ou « sage-homme ». Le second procédé concerne l’usage général des genres grammaticaux, qui sont arbitraires et dépendent de la formation spontanée des langues. Le fait que l’accord de proximité se faisait en latin et a été supprimé du français par une décision de l’Académie montre bien son indépendance vis-à-vis des rapports entre les sexes puisque assurément la société romaine n’était en rien moins sexiste que la société française de l’époque moderne. Sur ce point donc, un libre choix du locuteur semble une bonne attitude, sans enjeu particulier.

Mais il n’en va pas de même pour le troisième procédé. Dans un texte publié récemment (1) , j’ai avancé quelques arguments contre son usage, en raison de conséquences qui me paraissent beaucoup plus graves que le mal auquel il prétend remédier. Les quelques réactions de désaccord que j’ai rencontrées (parmi beaucoup de réactions favorables) me poussent à reprendre les arguments déterminants d’une manière qui réponde à ces objections.

(1) Dans le bulletin A Contretemps d’octobre 2018 :

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